Un jour de septembre 2018, la banque m’appelle pour que je vienne payer les impôts de l’entreprise. Eh oui, c’est internationale les impôts!!

Donc, je prend mon pickup sandéro et je me gare sur le parking à côte de la banque. Je sors de ma voiture et mon regard est attiré par les poubelles. Pourtant, il y en a tellement au Maroc qu’on ne les voient même plus. Ça fait parti du paysage malheureusement.

Je vais voir de plus prêt, et la, c’est la surprise totale.

Je vois un petit cheval alezan maigre mais maigre dans la poubelle entrain de manger ce qu’il trouve. Je m’en approche, je baisse les yeux. Je suis effrayé par ce que je vois. Son antérieur (sa patte avant) est blessée, cassée au niveau du boulet (de la cheville) avec une plaie béante et des invités pas très sympathiques. Il est accompagné d’un autre cheval aussi maigre mais avec 4 pattes.

Je suis en retard pour la banque je suis obligé de partir.

Je ressors de mon rendez-vous, je me rend direct à la pharmacie acheter de la bétadine et des bandages. Je reviens, plus de chevaux. Le propriétaire, eh oui, car ils ont un propriétaire!! les avait caché car le téléphone arabe fonctionne très vite et il a été mis au courant, qu’il y a une française qui rodait autour des chevaux. Mais, il ne me connait pas, moi aussi, j’ai mon réseau. 10 minutes plus tard, je retrouve le cheval blessé au milieu de la rue. Je l’approche mais il prend la fuite ( ce qui est tout a fait normal pour un cheval n’oublions pas que c’est un animal considéré comme une proie dans la nature). De plus, il n’a pas eu de contact bienveillant avec le monde humain, le pauvre!!

Je me retrouve à poursuivre ce cheval en plein centre ville. Eh oui, c’est ça le Maroc.

J’arrive à l’attraper grâce à des garçons qui sont venu m’aider. La grande solidarité marocaine ou il y a toujours quelqu’un pour t’aider même dans des situations totalement rocambolesques. C’est un des avantages que j’aime le plus.

Revenons en à nos moutons, Ah non à nos chevaux!!

Le cheval est attrapé avec mon T-shirt car bien sur j’ai pas de licol ou quoi que ce soit avec moi. Je me retrouve au milieu de la rue a soigner le cheval. Les gens m’apportent un seau d’eau pour essayer de nettoyer la plaie. Je nettoie comme je peux j’applique de la bétadine, des compresses et je bande histoire de protéger des mouches.

Petit aparté, avec le temps et les nombreux sauvetages a mon actif, j’ai appris que pour ce genre de plaie il faut mieux utiliser une compresse de miel. Quand on enlève la compresse après quelques heures, la plaie est très propre et sans aucunes impureté, on réitére une fois et après on peut commencer à y voir plus clair.

Je laisse le cheval et je pars essayer de trouver a qui il appartient, car je ne suis pas une voleuse de cheval et il serait bien capable de m’envoyer au tribunal pour grappiller quelques euros. Eh oui!! Nous français, on a l’argent qui pousse dans le jardin entre les tomates en tous cas à leurs yeux. Vous saviez pas??

Je fais marcher mon réseau ce qui est très simple en quelques heures c’est bon, je sais a qui il est. Je me renseigne et surtout je cherche à me faire aider. Je contacte mon maitre Moulay Aziz qui est malheureusement décédé à lors d’aujourd’hui. Ce grand monsieur mais petit en taille contacte les autorités pour voir si j’ai le droit de le récupérer. On se réunit avec un dirigeant de la mairie et d’autres personnes dans un café. Ils me donnent l’autorisation orale ( ça marche comme ça ici).

Je rentre chez moi pour trouver une solution pour trouver de l’argent pour les soins vétérinaires et pour l’alimentation. Je contacte chacha qui elle est ma marraine belge dans le milieu. Elle œuvre dans le sauvetage d’animaux depuis des années avec un groupe Facebook. Je lui explique la situation, elle me dit que l’on peut pas le laisser comme ça. Elle lance un appel sur son groupe pour trouver un financement ce qu’elle trouve rapidement. Le lendemain, le rendez vous est pris avec le propriétaire. Je retrouve le cheval à l’autre bout de la ville. Eh oui!! Son propriétaire l’a fait marcher des kilomètres avec sa patte dans cette état. Aucune pitié.

J’arrive dans le boxe, je refais les soins et on entame la dure la négociation car ce monsieur ne veut pas me donner le cheval, alors qu’il ne peut plus travailler avec. Ça me rend folle. Il préfère le vendre à l’abbatoire enfin c’est ce qu’il a dit pour m’amadouer.

Je ressens un séisme de colère à l’intérieur de moi, mais j’essaye enfin a peu près de rester calme.

Je continue la négociation et on arrive à un accord soit disant le prix de la viande, 60 euros ce qui est énorme pour lui car ça correspond a une semaine de salaire. Grace aux fidèles participants du groupe de chacha, j’ai pu payer et partir avec le cheval.

Mais, je ne voulais pas le ramené chez moi car j’avais peur à l’époque des maladies. Maintenant, je ne fonctionne plus comme ça. Je me suis mise à la recherche d’un terrain pour le mettre le temps des soins. J’ai trouvé chez un ami qui avait un tout petit terrain clôturé en parpaing pas très loin de chez moi, ou j’ai pu laisser loulou en liberté.

Après avoir trouvé un pick-up, Loulou, le cheval part pour une nouvelle vie. Eh la, commence mon périple. Pendant des mois j’ai fais des allers-retours matin et soir pour m’occuper de loulou qui a repris de l’état très rapidement. Puis, j’ai réussi à trouvé une femme belge qui a pris le relai le matin et moi le soir.

Il a du rester deux ou trois mois sur ce terrain, puis une française l’a pris chez elle. Elle lui a offert un palace. Il était heureux mais seul.

Le cheval est animal que l’on appelle grégaire qui a besoin de compagnons pour vivre paisiblement. Çà a duré 6 mois ou je devais continuer à faire les allers retours tous les jours pour soigner la plaie, à coup de bétadine, bandages, alu spray, argile…. Beaucoup d’argent dépensé dans les bandages. Eh oui, ça coûte cher.

Puis, l’hôte de loulou a du déménager en France donc il est venu rejoindre toute ma troupe à la ferme. Il était tellement heureux quand il a vu les autres chevaux, c’était magnifique à voir.

Il a passé 3 ans avec moi et tous ses copains. Sa patte ne s’est jamais remise. Il fallait le coucher pour pouvoir lui entretenir les autres pieds ou le porter à plusieurs personnes, encore une chance qu’il était docile et très reconnaissant. Il a vécu paisiblement avec les autres, il est toujours rester un peu peureux mais il m’a accordé sa confiance. Malheureusement, il est décédé d’une colique début 2023 on a tout essayé pour le sauver avec le vétérinaire mais le destin en à décidé autrement. Il repose en paix dans ma ferme.

C’est une histoire triste mais avec le recul, si on retourne la situation que l’on prend les choses a l’envers. Si il n’avait pas eu cette accident, d’ailleurs j’ai jamais su réellement su ce qu’il lui était arrivé, il aurait tiré une calèche bien trop grosse pour lui sous 45 degrés, pendant 10 h par jour, sans boire. Ok il a été blesse mais grâce à cette accident, il a eu une vie de cheval dans la bienveillance, nourris soigné avec beaucoup d’amour.

Morale de l’histoire, des fois,

ils nous arrivent des catastrophes mais c’est peut être un mal pour un bien.

Retrouvez un nouvel article mercredi prochain, en attendant restez connecter.

Une réponse

  1. Je ne peux qu’être admiratif et reconnaissant pour ce que vous avez fait et que vous continuez à faire
    Bientôt 80 ans que je constate cette maltraitance animale au Maroc, mon pays natal, royaume du cheval pourtant, mais je suis écœuré que rien ne s’améliore !

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